Près d’un Français sur deux juge plus difficile pour les jeunes LGBT+ que pour les autres jeunes de trouver un emploi, un constat largement confirmé par les personnes LGBT+ elles-mêmes
Après deux enquêtes en septembre 2020 et avril 2022 sur l’homophobie et la LGBT-phobie chez les jeunes, BVA et Le Refuge ont réalisé une nouvelle enquête, en avril 2023, pour faire le point sur la situation des personnes LGBT+ en France.
Alors qu’elle avait progressé entre 2020 et 2022 (+7 points), la part des Français jugeant que la situation des personnes LGBT+ au sein de la société s’améliore, stagne cette année (45%, -1 point vs 2022). Une part similaire estime que leur condition reste inchangée voire qu’elle s’est même dégradée (respectivement 36% et 8%, soit 44% au total).
Cette tendance se confirme dans plusieurs domaines:
. dans le monde du travail, 39% estiment que la situation s’est améliorée pour les personnes LGBT+ soit -1 point après une hausse de 5 points entre 2020 et 2022,
. dans le monde sportif, ce taux est de 33%, soit -3 points après une hausse de 8 points,
. et surtout, à l’école où le taux est de 28% soit -6 points après une hausse de 9 points.
Dans ces deux derniers champs, plus d’un Français sur dix considère que les personnes LGBT+ sont moins bien acceptées que par le passé (12%) ; un sentiment accru chez les personnes se déclarant LGBT+ (respectivement 29% et 23%).
Les manifestations directes d’homophobie et de transphobie demeurent très présentes. Ainsi, près de deux tiers des Français affirment avoir déjà entendu des propos dénigrants à ce sujet (62%, -4 points vs 2022). De plus, la part d’individus ayant été témoin d’agressions verbales (21%, -2 points) ou physiques envers des personnes LGBT+ reste significative (8%, -1 point). Enfin, le terme «PD» est toujours utilisé: plus de 7 sondés sur 10 affirment l’avoir déjà entendu (-5 pts vs 2022, -7 pts vs 2020). Si l’ensemble de ces propos sont moins présents que l’an dernier, ils demeurent néanmoins encore très fréquents.
Les Français font preuve d’un niveau de préoccupation relativement similaire à l’égard de l’ensemble des personnes LGBT+, qu’elles soient homosexuelles (48% pour les hommes comme pour les femmes), bisexuelles (43% pour les hommes comme pour les femmes), transgenres (40% pour les femmes, 39% pour les hommes) ou non-binaires (39%), même si leur inquiétude est tout de même un peu plus marquée concernant les personnes homosexuelles, hommes ou femmes.
Les jeunes de 18-24 ans se montrent nettement plus sensibles sur ce sujet (près de 6 sur 10 en moyenne, dont un tiers se disant «très préoccupés»). Les Franciliens se montrent également plus inquiets, tout comme les principaux concernés.
Près de la moitié des Français jugent plus difficile pour les jeunes LGBT+ que pour les autres jeunes de trouver un emploi (45%), un constat confirmé par les personnes LGBT+ (51%).
Presque autant Français (40%) considèrent qu’il est plus difficile pour les jeunes LGBT+ d’avoir des relations sociales, mais surtout plus d’un Français sur deux trouve qu’il est plus compliqué pour les jeunes LGBT+ d’avoir des bonnes relations avec sa famille (51%), un taux s’élevant à 71% chez les personnes LGBT+.
Environ un tiers des Français estiment qu’il est plus ardu pour les jeunes LGBT+ que pour les autres de
trouver un logement (35%) et d’accéder aux loisirs (31%), des taux qui montent à 46% et 53% chez les LGBT+.
Cependant, les comportements de rejet des parents d’un enfant LGBT+ sont majoritairement condamnés par les Français: plus de 8 sondés sur 10 ne comprennent pas que ces derniers puissent bannir leur enfant LGBT+ du domicile familial (82%), refuser tout contact avec lui (81%) ou encore faire preuve de violence à son égard (85%).
La contestation reste toutefois moins importante (71%) quand il s’agit du refus d’accepter que leur enfant soit LGBT+. L’indulgence subsiste également à un niveau élevé à l’égard des parents s’opposant au changement de genre de leur enfant : seulement 56% des Français ne comprennent pas ce comportement.
Méthodologie:
Emmanuel Charonnat
Ce qu’il faut retenir
. La part des Français jugeant que la situation des personnes LGBT+ au sein de la société s’améliore stagne cette année (45%, -1 point) mais recule dans le monde sportif et surtout à l’école
. Les manifestations directes d’homophobie et de transphobie demeurent très présentes, même si les agressions et propos entendus sont moins présents que l’an dernier
. Les Français et Françaises font preuve d’un niveau de préoccupation relativement similaire à l’égard de l’ensemble des personnes LGBT+, qu’elles soient homosexuelles, bisexuelles, transgenres ou non-binaires (entre 39% et 48% de taux d’inquiétude)
. 45% des Français jugent plus difficile pour les jeunes LGBT+ que pour les autres jeunes de trouver un emploi, un constat confirmé par les personnes LGBT+ (51%)
. Les comportements de rejet des parents d’un enfant LGBT+ sont très majoritairement condamnés par les Français, à l’exception de l’opposition à la transition de genre
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