En France, une typologie distingue les couples en 8 classes selon l’organisation de leur sommeil (synchronisation, durée du sommeil, lève-tôt ou couche-tard)
À partir des enquêtes Emploi du temps 1986, 1999 et 2010 de l’Insee, Capucine Rauch, chercheuse à l’Ined, a réalisé une très intéressante typologie de l’organisation du sommeil au sein des couples français.
Les principales conclusions de cette étude sont:
. Dans la majorité des couples, les conjoints synchronisent leur sommeil.
. La synchronie n’est pas identique dans toutes les classes sociales. Le sommeil des couples d’employés et d’ouvriers est le plus désynchronisé.
. Entre 1985 et 2009, la désynchronisation augmente dans la quasi-totalité des classes sociales, en raison d’un allongement du temps d’écoute de la télévision.
. Toutefois, les inégalités face aux horaires de travail restent le principal facteur explicatif des différences de synchronisation du sommeil.
. La désynchronisation du sommeil reflète également les inégalités de genre dans la division du travail au sein des couples, femmes et hommes ne réalisant pas les mêmes activités pendant le sommeil de leur conjoint ou de leur conjointe.
Le tableau ci-dessous présente les taux de synchronie selon les catégories sociales du couple.
Ainsi 82,9% du sommeil d’un couple de cadres est synchronisé alors que ce taux est de 72,9% pour un couple d’ouvriers.
Le graphique ci-dessous présente les durées moyennes de désynchronisation du sommeil par type de couple. La désynchronisation des couples de cadres dure en moyenne 1h45, tandis que celle des employés dure en moyenne 2h45 et celle des ouvriers 3h00.
A partir des carnets journaliers remplis par les conjoints, la chercheuse a réalisé une typologie de l’organisation du sommeil dans les couples (cf schéma ci-dessous). Huit classes de couples ont été définies et trois grands types d’organisation se sont dégagés: le sommeil synchronisé, le sommeil partiellement désynchronisé et le sommeil largement désynchronisé.
. Les 3 premiers types d’organisation sont les plus synchrones: les «nuits synchro longues» (37,1% des couples), les «nuits synchro courtes» (34,2%) et les «conjoints couche‐tard» (2,8%).
. Les 3 suivants ont un sommeil partiellement désynchronisé: les «Hommes lève-tôt» (15,1%), les «Femmes lève-tôt» (4,8%) et les «Hommes couche-tard» (4,1%).
. Les 2 derniers types de couples ont le sommeil largement désynchronisé: le type «sommeil masculin diurne» (1,1%) et le type «sommeil féminin diurne et faible» (0,8%).
Les types «nuits synchro longues», «nuits synchro courtes» et les «conjoints couche‐tard» ont des taux de synchronisation supérieurs ou égaux à 80%, tandis que les types «sommeil masculin diurne» et «sommeil féminin diurne et faible» synchronisent moins de 12% de leur temps de sommeil.
Les couples de retraités, d’inactifs de moins de 60 ans, et les couples actifs les plus favorisés sont associés à un sommeil synchronisé, tandis que ceux occupant les places les moins favorisées ont un sommeil plus désynchronisé.
Dans les couples «Femmes lève-tôt», l’heure de coucher médiane est identique entre hommes et femmes (23h00). En revanche, l’heure de lever médiane des femmes (6h50) précède de deux heures celui des hommes (9h00). La différence médiane de temps de sommeil entre conjoints est de deux heures en faveur des hommes.
Les couples «Hommes lève-tôt» présentent la situation inverse, les conjoints se couchent à des horaires similaires, mais la moitié des hommes sont debout à 6h00 quand la moitié des femmes dorment encore à 8h00. La différence médiane de temps de sommeil entre conjoints est de 1h50 en faveur des femmes.
Dans les couples «Hommes couche-tard», les femmes commencent leur nuit seules : la moitié sont couchées à 22h30 quand la moitié des hommes sont encore debout à minuit. En revanche, la fin de la nuit n’est pas aussi désynchronisée: le lever médian est identique entre hommes et femmes (7h00). Cette désynchronisation partielle résulte en une différence médiane de temps de sommeil de 1h20 en faveur des femmes.
Emmanuel Charonnat
Ce qu’il faut retenir
. Dans la majorité des couples, les conjoints synchronisent leur sommeil
. La synchronie n’est pas identique dans toutes les classes sociales: 82,9% du sommeil d’un couple de cadres est synchronisé alors que ce taux est de 72,9% pour un couple d’ouvriers
. L’Insee a réalisé une typologie (en 8 classes) de l’organisation du sommeil dans les couples
. Entre 1985 et 2009, la désynchronisation augmente dans la quasi-totalité des classes sociales, en raison d’un allongement du temps d’écoute de la télévision
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