S’il a renforcé les liens de 30% des couples, le confinement a aussi accéléré la numérisation de la vie amoureuse et sexuelle
Si un baby-boom est possible dans 9 mois, d’après le niveau des ventes de tests de grossesse observées par Nielsen, l’activité sexuelle a chuté en France pendant le confinement selon une étude Ifop, menée du 24 au 27 avril 2020, pour Charles.co.
En effet, la proportion de Français n’ayant pas eu de rapport sexuel au cours du dernier mois (44%) s’avère presque deux fois plus élevée qu’à l’accoutumée (26% en janvier 2017), sachant que si cette baisse de l’activité sexuelle affecte avant tout les célibataires (-31 points), elle touche également les personnes en couple confinées sous le même toit (-11 points).
Cette baisse de l’activité sexuelle va de pair avec un sentiment de satisfaction à l’égard de sa vie sexuelle actuelle, à la fois moins large et moins intense. Chez les personnes en couple vivant sous le même toit, la proportion de personnes satisfaites (63%) perd 8 points entre l’avant et l’après confinement, et surtout la proportion de personnes très satisfaites (26%) perd 7 points. Plus logiquement, ce sentiment diminue aussi de manière significative chez les célibataires (-14 points de satisfaction globale).
Le sentiment de satisfaction à l’égard de sa vie sentimentale actuelle recule également, mais la baisse est moindre que pour la vie sexuelle: -5 points chez les personnes en couple vivant sous le même toit (à 84%) et -8 points chez les célibataires (à 41%).
Le huis clos imposé par le confinement, restreignant les contacts physiques, a également favorisé une numérisation croissante de la vie sexuelle des Français. On observe ainsi une explosion de la pratique du sexting en l’espace de deux mois, notamment chez les jeunes (18-35 ans) pour qui la proportion de personnes ayant échangé un message numérique coquin est passé de 50% à 62% en l’espace de deux mois. Il en est de même pour les échanges de «dick pics» (= photos du sexe d’une personne) qui ont explosé: 27% des adultes en avril contre 18% en février.
Internet conforte aussi son statut de moyen de nouvelles rencontres, puisque 15% des sondés confinés sans partenaire sexuel, déclarent avoir des échanges avec des personnes rencontrées sur Internet et qu’ils ne connaissaient pas ou presque avant le confinement. Cette proportion est de 10% chez les célibataires et de 34% chez les personnes en couple vivant séparément.
Si le confinement n’a pas eu d’impact sur la relation conjugale de la majorité (60%) des couples, certains trouvent toutefois que cela les a rapprochés (30%), et d’autres que cela les a éloignés (1 sur 10). Un éloignement particulièrement accentué chez les jeunes couples, qui, pour la plupart, vivent leur première expérience de vie conjugale constante et intense.
Certains en arrivent même au point de non-retour puisque 11% des Français souhaitent prendre des distances avec leur partenaire à l’issue de la période de confinement, et 4% souhaitent même rompre de manière définitive!
Cependant 88% des personnes qui ont été confinés sous le même toit repartiraient avec le/la même partenaire en cas de renouvellement de la période de confinement. Ombre au tableau, une personne en couple sur dix ne souhaiterait tout de même pas être confiné avec le même partenaire : 8% préférant même être seuls.
Cette étude Ifop pour Charles.co a été menée en ligne du 24 au 27 avril 2020, auprès d’un échantillon de 3045 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus et résidant en France métropolitaine.
La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas au regard:
. de critères sociodémographiques : sexe de l’individu ; âge de l’individu;
. de critères socioprofessionnels : profession de l’individu;
. de critères géographiques : région et taille de l’unité urbaine de la commune résidence.
Emmanuel Charonnat
Ce qu’il faut retenir
. La proportion de Français n’ayant pas eu de rapport sexuel au cours du dernier mois est de 44% fin avril 2020 vs 26% en janvier 2017
. Les sentiments de satisfaction à l’égard de sa vie sexuelle et de sa vie sentimentale ont baissé, chez les célibataires et chez les personnes en couple vivant sous le même toit
. Le huis clos du confinement a favorisé une numérisation croissante de la vie sexuelle et amoureuse: sexting, échanges de «dick pics», nouvelles rencontres…
. Le confinement a rapproché 30% des couples mais en a éloignés 10%
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Accès à l’étude Ifop