Les jeunes s’émancipent des pratiques sportives institutionnalisées et compétitives, au profit de pratiques plus flexibles, à domicile ou indoor
Alors que, selon l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé, la dernière décennie a été marquée par une diminution de l’activité physique des jeunes enfants et adolescents, les jeunes adultes semblent au contraire de plus en plus friands d’activités sportives.
Le baromètre Crédoc/UCPA « Les jeunes et les loisirs sportifs » confirme que le sport fait à la fois partie intégrante de la culture quotidienne des jeunes et qu’il prend de l’ampleur.
En juin 2017, 94% des 16-25 ans ont fait du sport au cours des 12 mois précédents (+2 points par rapport à 2016). Plus d’un sur deux (53%) s’adonne au moins une fois par semaine à une pratique sportive. Cette proportion de jeunes sportifs très assidus a fortement augmenté par rapport à 2015 (+8 points). Elle est notamment portée par ceux qui ont une pratique sportive quasi quotidienne (16%, +5 points vs 2015).
Les hommes, les Parisiens, les actifs et ceux vivant en couple sont surreprésentés parmi les jeunes fanas du sport.
À la recherche du bien-être individuel et des bienfaits pour la santé, les 16-25 ans se tournent de plus en plus vers une pratique sportive peu encadrée : un sur deux fait du sport à son domicile (53%), une tendance en très forte augmentation (+20 points en deux ans). Cela correspond à une désaffection pour les sports en club ou dans d’autres structures qui peuvent générer plus de contraintes.
Plus généralement, l’engouement pour l’exercice domestique s’accompagne d’un intérêt accru pour les pratiques sportives indoor, moins chronophages et offrant plus de flexibilité en termes d’organisation des différentes activités de la journée. Ainsi, les salles de sport sont particulièrement appréciées car elles offrent la possibilité de faire du sport près de chez soi, seul ou avec d’autres. En 2017, plus d’un tiers (36%) des 16-25 ans ayant déclaré une pratique sportive dans l’année ont fréquenté ce type d’endroit (+9 points vs 2015).
La musculation/fitness, la course à pied et les sports collectifs sont les disciplines qu’ils affectionnent le plus. Les jeunes ne se focalisent pas sur une seule activité : la moyenne est proche de trois. Parmi les univers sportifs cités dans l’étude, seuls les sports de glisse (ski, snowboard…) semblent en recul.
Selon le Crédoc, « l’importance attachée au corps explique les efforts croissants des jeunes pour le façonner en fonction des normes sociales et pour le maintenir en bon état à travers une pratique sportive régulière ». Les bienfaits pour la santé et le corps sont considérés comme le premier et principal attrait de la pratique sportive : plus des deux tiers (67%) des jeunes sportifs font de l’exercice physique « parce que c’est bon pour la santé, pour sculpter le corps ou garder la ligne ». Les motivations de sociabilité (39%) et de compétition (30%) sont moins souvent évoquées.
La perception par les jeunes des effets positifs du sport s’avère à la hauteur de leurs attentes : 86% des 16-25 ans ayant eu une pratique sportive dans l’année constatent une amélioration de leur état de santé ou de leur apparence physique. Outre une meilleure forme physique, le sport contribue au développement personnel : plus de 7 jeunes sur dix estiment que le sport leur a permis de gagner en confiance (75%) ou d’acquérir de nouvelles compétences ou de savoir-faire (71%). Et 61% disent avoir développé leur personnalité.
Fréquence et diversité de la pratique sportive jouent sur la perception des bénéfices du sport : les jeunes pratiquant plusieurs disciplines sportives reconnaissent plus souvent des bénéfices du sport que les mono-pratiquants.
Les nouvelles technologies ne sont plus considérées comme un frein à l’activité physique ou sportive. Les 16-25 ans combinent usage des nouvelles technologies et pratique sportive, avec deux grandes familles d’usage :
– l’utilisation des nouvelles technologies afin de structurer et organiser les séances d’entrainement ou les périodes d’exercice. 44% des jeunes déclarent avoir utilisé une application sur leur smartphone (Fitbit, FizzUP, Nike Training Club etc.) pour visualiser les données enregistrées durant l’exercice et environ 20% ont eu recours à un objet connecté spécifique (montre Garmin, Polar, compteur SRM, Applewatch etc.) ou ont partagé leurs données de santé sur un réseau social du type Strava, Runstatistic etc.
– l’utilisation des technologies à des fins de «production de soi», d’échange et de communication avec les autres. 39% partagent des photos prises au cours de leur activité sportive sur les réseaux sociaux, 27% se sont filmés en faisant du sport et 20% ont mis ces vidéos en ligne.
«Avoir du temps» reste pour les jeunes le principal critère pour faire du sport. Des évènements réduisant le temps libre (un premier travail, le début des études, un séjour prolongé loin de chez soi…) conduisent souvent à une réduction de leur pratique. Plus de quatre jeunes sur dix disent avoir réduit ou arrêté le sport après le début des études, en occupant leur premier emploi ou pendant un séjour prolongé loin de chez eux. 32% des jeunes parents citent la naissance d’un enfant comme raison pour faire moins de sport.
A l’inverse, 36% des 16-25 ans ayant connu une rupture amoureuse déclarent avoir augmenté ensuite leur activité sportive. Il en est de même pour 40% des jeunes en fin d’étude et 38% de ceux ayant perdu leur emploi.
Cette enquête a été réalisée auprès d’un échantillon représentatif de la population française métropolitaine âgée de 16 à 25 ans. Le terrain a été réalisé entre le 6 et le 20 juin 2017. 1006 jeunes ont été interrogés en ligne via un panel. L’échantillon a été calculé selon la méthode des quotas, avec stratification à deux degrés : découpage par grande région (ZEAT) et au sein de chaque ZEAT : représentativité par rapport à la taille d’agglomération, l’âge, le sexe et la catégorie socio-professionnelle, situation professionnelle (actif, inactif) et taille de commune. Un redressement a été effectué selon les mêmes critères que les quotas et à partir des dernières données disponibles du recensement (2013).
Emmanuel Charonnat
Ce qu’il faut retenir
. 53% des 16-25 ans s’adonnent au moins une fois par semaine à une pratique sportive, une proportion qui a augmenté de +8 points en 2 ans,
. Les jeunes se tournent de plus en plus vers une pratique sportive peu encadrée, à domicile ou dans les salles de sport, et de moins en moins vers les clubs de sport
. La musculation/fitness, la course à pied et les sports collectifs sont les disciplines qu’ils affectionnent le plus
. Les bienfaits pour la santé et le corps sont considérés comme le premier attrait de la pratique sportive, loin devant les motivations de sociabilité et de compétition
. Des évènements réduisant le temps libre (travail, études, enfant…) conduisent souvent à une réduction de la pratique sportive
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